dimanche 20 juillet 2014

Une religieuse veuve et imbécile !

En feuilletant les registres, on tombe parfois sur des actes qui nous interloquent, pour lesquels on oublie ce que l'on était venu cherché. C'est ce qui m'est arrivé hier, je recherche le premier mariage d'un de mes ancêtres avant 1708 à Boinville-le-Gaillard, le berceau de ma branche maternelle (pour le moment!) dans le sud des Yvelines aux limites de l'Essonne et de l'Eure-et-Loir et je suis tombé sur un acte qui m'a laissé pantois. 



Le trentieme de nov(em)bre est décédée de l'année mil sept cent neuf est décédée
soeur Madeleine Thyrouin veuve de Guyon Berthier agée denviron trente sept
ans sans avoir pû recevoir les sacrement de l'Eglise a cause d'une imbécillitéd'esprit dont elle estoit affligée depuis plusieurs années et qui luy avoir pourtant
souvent laissé des intervalles de raison pendant lesquels elle ne manquait pas
de s'approcher des sacrements avec une piété exemplaire et de pratiquer les autres
bonnes oeuvres dont elle estoit capable a esté inhumée dans le cimetière de
ceans en présence de Gabriel MARTIN et de plusieurs autre habitans
par moy curé soussigné ainsi signé. G Martin et J. Belin (curé) *
Il y a rien d'extraordinaire qu'une religieuse soit inhumée mais l'équation religieuse + veuve + "imbécile" + 37 ans m'a intrigué. Veuve et religieuse à 37 ans, souvent à cet âge, les femmes pouvaient se remarier.

Dans un premier temps, je me suis demandé comment une veuve peut-être également religieuse, après la surprise passée je me suis dit qu'il arrive parfois qu'une veuve entre dans les ordres après le mort de son mari. C'est souvent des femmes de la noblesses, voir des reines mais rarement de simple journalière. Madeleine Thyrouin (ou Thirouin) est certainement issue d'une famille de gros laboureur, dans les actes de Boinville de 1691 à 1718 (le 1er registre), les Thirouin sont receveurs de la terre de Bréau sans Nappes (Nom de la seigneurie de Boinville), laboureurs, les "coqs de village" de Boinville d'après moi.
Le mariage de Guyon et de Madeleine a lieu en 1691 (page 23/149) et y sont présents Adrien de Ranzai (on ne s'est pas si il est seigneur de quelquechose) et Henri Chevallier notaire, des hommes de pouvoir et de savoir, mais cela nous prouve-t-il vraiment l'importance de la famille de Madeleine et l'une des raisons de son entrée dans les ordres ?!
Seconde hypothèse, c'est peut-être à cause de son "imbécilité" qu'elle est entrée au couvent ou plutôt enfermée.

Je n'ai pas encore trouvé de trace d'un couvent à Boinville-le-Gaillard, mais je pense qu'il y en avait un ou du moins une maison religieuse, car dans les années qui précèdent et qui suivent l'acte de décès de soeur Madeleine, d'autres religieuses décèdent. Lors de ma prochaine visite aux AD des Yvelines, je regarderai si je trouve des petites choses. 

Quelques temps après avoir trouvé cet acte un peu insolite, en farfouillant dans les notaires du coin, j'ai trouvé l'inventaire après décès de Guyon BERTHIER le 25 mai 1700 chez le notaire de Bréthencourt, on y apprend que le couple Magdeleine. Rien ne mentionne l'entrée de Madeleine au couvent? Son entrée est-elle vraiment volontaire ou plutôt un hôpital où aurait pu être interné notre bonne dame? 
Dans l'inventaire il est juste précisé que madeleine à la mort de son mari donné de l'argent au couvent pour des réparations qui y sont faites. 


Item ladite veuve a décalra que depuis Pasques dernier
elle a fait plusieurs journée de ces (...)
et (...) pour les réparations et bastimants
du couvent de Boinville. Lesquelles journée ont esté
estimez ensemble à la somme de deux cent vingt
livres cy
Les (...) sont les mots que je ne parviens pas à déchiffrer et à donner un réel sens à ce paragraphe. Si certains sont inspirés...
* AD78 en ligne, BMS Boinville-le-Gaillard, 1691-1717, p.101/148



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